Le CLIP de « Sous le pont où Riviere braille » est sorti !

Sous le pont où Rivière braille

Quand j’ai décidé de sortir la réédition de l’album « Sous le pont où RIVIERE braille », j’ai senti que cela allait être la fin d’une première grande étape et elle devait être indissociable de la sortie d’un clip.

Le texte a été écrit au printemps de l’année 2017

L’atmosphère, à l’époque, était déjà rouge et poisse. Pendant près de 4 ans avant l’écriture de ces paroles, j’ai emprunté quotidiennement les boulevards du nord parisien. Je passais entre autres par les portes de Clignancourt et de la Chapelle. La misère se jetait littéralement sous mes yeux.
J’y ai vu la crise des migrants s’amplifier. Je les ai vu attendre des nuits entières devant le centre d’accueil de fortune. J’ai croisé les regards des mêmes prostituées qui dansaient, hiver comme été. Je les ai vues se faufiler avec leurs clients sous des « tentes » faites de deux-trois barrières de chantier. Au début de l’année 2017, j’ai vu, pour la troisième fois en deux ans, la destruction du bidon-ville construit sur les anciennes voix de chemin de fer de la petite ceinture. C’est à la même période qu’une évacuation massive de migrants avait déjà eu lieu. Les tentes n’étaient pas place de la République mais cachées derrière le périphérique. Ajoutez à cela les attentats de 2015 et de 2016…

J’écris pour ordonner mes idées et ensuite m’en délester. Je les chante pour ne pas les oublier…

Je faisais ces trajets à vélo. J’ai suffoqué dans la pollution des heures de pointes. J’ai eu froid, j’ai transpiré. J’ai haï les chauffeurs de bus et les piétons. J’ai frôlé les rétroviseurs des tricycles zigzagants. Mais malgré tous ces petits tracas, sans rouler sur l’or, j’ai toujours eu un toit au-dessus de ma tête et jamais je n’ai manqué de nourriture.
J’ai beau être choqué, dévasté, horrifié, révolté, informé, quand j’entre dans mon appartement, je retrouve, au chaud, mes angoisses et mes joies. Le reste devient transparent…

« (…) Dans le ciel de janvier ses seins ont éclairés mes mains,
Le reste n’existe plus.
Il n’y a que ses yeux que je regrette à l’orée de ses reins,
Le reste n’existe plus.
Dites-moi pourquoi devrais-je me fier à ces frustrés qui courent après demain ?
Le temps n’existe plus.

Alors laissez-moi tout avachi dans le confort
De mes dépressions.
Laissez surtout ces mamamouchis confondre la mort
Avec une décoration. (…)« 

CLIP Image 1

Oui, mon texte est un aveu de faiblesse, toujours d’actualité, mais surtout un témoignage émotionnel. Rien n’a vraiment changé depuis, et même, la situation socio-politique en France s’aggrave encore.
Je ne sais rien faire d’autre que créer. J’en ressens parfois un sentiment de culpabilité et je garde bien souvent cette hébétude de lièvre effaré devant le devoir d’agir… Comme dans ma vie, j’ai essayé tout de même d’insuffler à cette noirceur un peu de tendresse, comme une main tendue vers l’autre.
C’est dans cet état d’esprit d’ambivalence, entre le déni et l’engagement, que j’ai écrit les paroles de « Sous le pont où Rivière braille »

Des obstacles comme des défis !

Pour l’image, il n’était pas question d’être illustratif mais plutôt de rendre compte des émotions qui se dégageaient des mots et de la musique. Je voulais quelque chose d’esthétique. Être concret, montrer réellement ce qui était évoqué, me semblait inapproprié et presque indécent. Les images devaient être symboliques et abstraites. Ces sensations personnelles devaient devenir plus œcuméniques.

CLIP Image 2

Pour réaliser ce clip, j’avais besoin d’être en confiance. J’avais surtout besoin d’une personne sensible et créative, susceptible de me comprendre et de me suivre dans cette aventure. Travailler avec Marie Leclère a été une énorme chance. C’est une femme qui aime les défis et qui ose les affronter. Elle est allée au bout de ce projet, au mépris des moyens et du temps qu’il a fallu prendre pour le réaliser.
Nous avons eu de longues conversations pour décider dans quelles directions se diriger. Elle a en eu de la patience, oui, car je suis plutôt exigent sur ce que je ne veux pas ! Elle n’était pas à l’abri de mes contradictions d’un jour à l’autre… J’ai l’habitude de fonctionner seul et j’ai dû faire un difficile travail de lâcher-prise. Il était très important pour moi qu’elle se sente libre de proposer et d’imaginer, mais surtout que ce projet devienne le sien.
Au final, le clip a été exigeant et Marie n’a reculé devant rien ! Il y a eu beaucoup de lieux de tournages et d’ambiances différentes à mettre en scène. Je suis très fier de ce qu’elle a fait et tellement heureux du résultat. Elle a su être au plus proche du texte tout en offrant sa propre vision artistique.

J’espère que ce clip saura vous plaire.
Josselin

Le mot de la réalisatrice

Marie Leclère

 » Réaliser le clip de “Sous le pont où Rivière braille” a été un très beau challenge artistique, et une véritable sortie de ma zone de confort, pour moi qui ai l’habitude de travailler sur le réel, de mettre en image des parcours de vie, et d’amener les gens à se raconter.

Finalement, je dirais que le point commun entre ces projets, leur axe principal est de retranscrire un ressenti. Mais cette fois, il était surtout question de ne pas montrer explicitement ce qui provoquait celui décrit dans le texte. Pour ce clip, la plus grande part de travail a été de comprendre les intentions de RIVIERE, me les réapproprier, changer mes codes et trouver une ligne de cohésion entre nos sensibilités, nos imaginaires. Merci à lui pour la grande liberté et la confiance qu’il m’a accordée ! « 

Marie Leclère
Réalisatrice

Récompenses et sélections

CRÉDITS "Sous le pont où Rivière braille"

Réalisation, images & post-production :
Production :

Paroles & musique :

Enregistrement :
Mixage :
Matriçage :

Marie Leclère
Déjà Demain Production
RHINO TOSSI Produzione
RIVIERE

Ray à Acouzik Studio
Tristan Mazire au studio « la Fugitive »
Pierre Luzy à Music Unit

Basse :
Guitare :
Claviers :
Batterie :

Photo « Single » :

Céline Vannier
Quentin Benizeau
Laura Operti
Davy Allain

Matthieu Marcé

Anecdote nostalgique

Il y a un premier clip de RIVIERE. Mais, comme bien souvent je fais les choses en « dépit du bon sens », c’était une vidéo pour une reprise : « Spiders » de System Of A Down. Ce morceau fait partie de ces chansons qui sont ancrées, bien au chaud, dans ma mémoire. Et quand je dis bien au chaud, ce n’est pas le terme exact, puisque mon cerveau a décidé que cette musique serait associée aux images du film Blair Witch Project
Le clip fut réalisé par Mikazuki prod et met à l’image la talentueuse danseuse Audrey Joubier. Mon petit doigt me dit qu’une prochaine collaboration avec Mikazuki pourrait bien voir le jour. Suspension consentie de l’incrédulité !